549.000 personnes en situation d’insécurité alimentaire, plus de 110.000 familles au bord de la famine
22 avril 2022Dans le nord-est du Sénégal, précisément dans les départements de Matam et Ranérou-Ferlo, l’insécurité alimentaire est plus que jamais une réalité. Sur la base de données collectées par le secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (CE-CNSA), Dakaractu est en mesure d’avancer que « l’analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle du Sénégal pour la période courante (mars-avril-mai 2022), à travers le cadre harmonisé, révèle une situation alimentaire précaire… » Une alerte lancée à travers le plan national de réponse à l’insécurité alimentaire, nutritionnelle et pastorale (PNR 2022.)
Une situation préoccupante qui a été remise en exergue à l’occasion de l’atelier de concertations nationales qui a été organisé ce jeudi à Dakar, sous la présence du ministre secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly et de l’ensemble des partenaires financiers et techniques de l’État du Sénégal.
D’après le document dont Dakaractu a eu un exemplaire, au vu de la situation courante (mars – mai 2022) ce déficit criard en terme d’alimentation a été noté dans au moins 13 départements du Sénégal, soit près de 03 millions de personnes qui en sont à la phase 2 (sous pression alimentaire.)
Sur ces 13 départements, au moins deux départements à savoir ceux de Matam et Ranérou sont à la phase 3 (548.280 personnes en situation de crise alimentaire.) À cela s’ajoutent les 720 personnes présentement en situation d’urgence alimentaire tel que démontré par les enquêtes effectuées par le CE-CNSA dirigé par Jean Pierre Senghor.
Si la majeure partie de la population est actuellement à la phase 1 (14 millions de personnes, en situation minimale) cette tendance pourrait très vite changer. En effet, selon le PNR 2022, les projections effectuées permettent de dire que dans la période juin-août 2022, ladite crise alimentaire devrait s’intensifier et toucher 872.421 personnes qui seraient en situation de crise alimentaire (phase 3.), en plus des 3,9 millions de sénégalais qui vivent sous pression alimentaire, si l’on en croit les projections faites et consignées par le biais du cadre harmonisé d’analyse et d’identification des zones à risque et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sénégal.
Cette tendance à la hausse concerne principalement les départements de Kanel, Matam, Ranérou (région de Matam) et Goudiry (région de Matam.) Au total, durant la période de soudure, le nombre de personnes qui devraient passer de la phase 3 (crise alimentaire à la phase 5 (urgence alimentaire voire famine) est estimé à 881.275 citoyens senegalais. Soit 5% de la population analysée, environ 110.159 ménages, sur l’ensemble du territoire, au bord de la famine…
Confronté à des chocs tels que la sécheresse, les inondations, les feux de brousse, la pandémie de la Covid-19, etc…, le Sénégal, d’après les justifications fournies par le PNR 2022, doit aussi faire face à une campagne agropastorale 2021 qui a été minée par un démarrage tardif de l’hivernage. Une pluviométrie qui a aussi eu un impact négatif sur les pâturages et le cheptel. Conséquence, les marchés sont moyennement approvisionnés.
Suffisant pour pousser l’État du Sénégal à tenter de réagir en collaboration avec ses partenaires financiers et techniques pour l’élaboration d’un plan national de réponse. Une sorte de référentiel s’agissant de problématiques liées à la gestion des crises alimentaires.
En guise de réponse provisoire, une vaste opération de distribution de Cash transfert a été annoncée dans le cadre du PNR 2022 (volet assistance alimentaire.) Sur une période de trois mois (juin – juillet et aout) 110.159 ménages (881.275 personnes) devraient bénéficier d’un appui financier de 40.000 FCFA par famille, pendant trois mois. Cette prise en charge financière est estimée à 13,2 milliards de FCFA pour ces 03 mois correspondant à la période de soudure.
dakaractu.com