Congo-Brazzaville: la conversion des devises au marché noir est moins rentable
27 juillet 2019Diass-Infos : Les grands bateaux n’assurent plus le trafic entre Brazzaville et Kinshasa, les deux capitales les plus rapprochées du monde, séparées juste par le fleuve Congo… Et le trafic a nettement baissé depuis 2014 avec un impact considérable sur l’activité des changeurs de monnaie de Brazzaville, qui n’échappent pas aussi à la crise économique qui secoue leur pays. Malgré cette situation, ce métier informel attire de plus en plus les jeunes, mais elle intéresse moins les femmes.
Au pied du mur de l’ambassade d’un pays européen et à l’ombre des manguiers qui jalonnent la principale allée qui conduit jusqu’au Beach fluvial, les cambistes ou changeurs de monnaie assis sur des bancs et des chaises en plastique opèrent à ciel ouvert.
Agent des impôts à la retraite, Zacharie Oko a opté pour ce métier de cambiste, mais son revenu est loin d’être le même que quand il a démarré son activité il y a quelques années. « La crise ! On la connaît bien. C’est un peu difficile [de gagner quelque chose aujourd’hui]. À notre lieu de travail, on vient juste somnoler », témoigne M. Oko.
Baisse drastique de l’activité depuis cinq ans
Depuis cinq ans les bateaux de grand tonnage ne font plus de va-et-vient entre Brazzaville et Kinshasa. Le trafic a baissé sur le fleuve, les commerçants et les voyageurs se font rares et les cambistes en pâtissent. « Quand il y avait la bonne traversée, notre activité marchait petit à petit. La principale monnaie que nous utilisons pour faire l’échange c’est le dollar, après ce sont les euros. Nous recevons toutes ces devises à partir des voyageurs. Les gens nous ramènent ces différentes monnaies au cours de leur voyage. Mais, comme la voie [fluviale] ne marche plus comme avant, nous sommes totalement au chômage », ajoute-t-il.
Solliciter les services des cambistes c’est gagner du temps, disent-ils. En effet, ils n’exigent pas les pièces d’identité de leurs clients. Ceux-ci ne remplissent pas non plus de formulaires comme dans les banques ou autres bureaux de change. « Quand les gens viennent, ils donnent leur argent. Et, en retour, nous leur donnons ce dont ils ont besoin au fur et à mesure. C’est l’échange, c’est du tac au tac », lâche l’un d’entre eux.
« Un travail demande des remplaçants »
L’échange informel des devises est une vieille activité qui date des indépendances. Hier réservé aux personnes âgées, ce métier intéresse désormais les jeunes qui le pratiquent avec beaucoup d’enthousiasme. « C’est un travail comme tout autre travail. Et, un travail demande aussi qu’il y ait des remplaçants », affirme un cambiste qui répond au nom d’Igotha. « J’échange les dollars et les euros et les Francs congolais [venus de Kinshasa, NDLR]. Ça nous rapporte un peu », avance Ismaël Obembé.
Chez les cambistes, on ne connaît pas le genre. On ne trouve pas de femmes parmi eux. « Les Congolaises ne s’intéressent pas à ce business. Vraiment, elles ne s’intéressent pas du tout », déplore un changeur. Notre métier ne pourra jamais disparaître tant que les devises existeront, affirment-ils.