De plus en plus d’enfants victimes de guerre
15 mars 2019Diass-Infos : Le monde actuel est de plus en plus cruel pour les enfants. Ils sont au moins 420 millions à vivre dans des zones touchées par des conflits. Du nourrisson à l’adolescent, ils n’ont jamais été aussi nombreux à y laisser toute ou partie de leur vie.
A peine ont-ils vu le jour que des bébés deviennent des victimes de guerres. Entre 2013 et 2017, au moins 550 000 nourrissons ont trouvé la mort dans les conflits les plus violents de la planète, selon l’ONG Save the Children. Ils sont 870 000 si on inclut l’ensemble des enfants de moins de cinq ans.
L’ONU a identifié plus de 10 000 enfants tués ou blessés en 2017. Des chiffres qui donnent le vertige et qui sont pourtant « en deçà de la réalité, car il s’agit des cas dûment vérifiés » pointe Marion Libertucci, Responsable de service Plaidoyer et Expertise à l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance).
Les enfants deviennent des cibles
Il y a les morts, mais aussi les survivants, ceux qui ont perdu à tout jamais une partie de leur enfance, plus de 30 000 cas de violations graves ont été faits aux enfants selon l’ONU. Les mutilés, les enfants soldats, les déplacés, les orphelins, etc… subissent les conséquences terrifiantes des conflits armés, ils restent traumatisés, physiquement et/ou psychologiquement à vie. Les horreurs dont les enfants sont victimes, trente ans après l’adoption par l’ONU de la Convention internationale des droits de l’enfant, non seulement se poursuivent, mais s’aggravent.
« Chaque jour, des enfants courent le risque d’être tués ou mutilés, recrutés par des groupes armés, enlevés, victimes de violences sexuelles, attaqués dans leurs écoles ou privés d’aide humanitaire. Bien souvent, les enfants sont tout particulièrement visés », analyse Ömer Güven, directeur général de Save the Children Suisse.
Victimes directes ou indirectes de guerres, ils n’ont jamais été aussi nombreux à trouver la mort. Un enfant sur cinq vit aujourd’hui dans des zones en proie à des conflits, un triste record depuis vingt ans. Le nombre d’enfants tués ou mutilés a quant à lui plus que triplé. « Les conflits sont de plus en plus longs et les enfants se retrouvent souvent en première ligne, analyse Marion Libertucci. Les conflits ont aussi de plus en plus lieu en zones urbaines au milieu des populations civiles. De façon globale, on voit que le droit humanitaire international est de moins en moins respecté. Il n’y a jamais eu autant d’attaques sur les écoles par exemple. »
Le macabre palmarès des pays en guerre où les enfants sont directement ou indirectement touchés compte : l’Afghanistan, le Soudan du Sud, le Yémen, la Syrie, l’Irak, le Mali, le Nigeria, la Somalie, la RCA et la RDC. Au Moyen-Orient, 15 millions d’enfants sont directement affectés par les combats et 13 millions ne peuvent plus aller à l’école.
La Syrie, un calvaire pour les enfants
En Syrie, plus la guerre s’enlise et plus les enfants meurent. Ce 15 mars, la Syrie entre dans sa neuvième année de conflit. Parmi les plus de 500 000 morts on trouve de plus en plus d’enfants : ils étaient 650 en 2016, ils ont été 1 106 en 2018, « et l’on sait que c’est beaucoup plus », note Marion Libertucci.
Victimes indirectes des combats, ils subissent aussi des attaques directes lorsque les écoles sont bombardées. Sans oublier les cas de torture dont les plus jeunes font aussi face. Selon l’Unicef, un enfant sur cinq est en situation d’urgence humanitaire, une école sur trois est à présent inutilisable et 2,7 millions d’enfants ne vont plus à l’école. Les mariages précoces et le travail des enfants sont de plus en plus fréquents. Aujourd’hui, quatre millions d’enfants ont un besoin urgent d’aide.
L’horreur pour les enfants du Yémen
Sur l’échelle du pire, le Yémen figure également en très haute position. La guerre a engendré entre 100 000 et 200 000 morts. Près de 85 000 enfants ont péri, à cause de la famine ou de la malnutrition. D’autres sont décédés sous le feu des combats. La pire crise humanitaire de la planète se joue actuellement au Yémen, selon l’ONU. Les images d’enfants décharnés ont fait le tour du monde. « Pratiquement tous les enfants du pays ont besoin d’une aide humanitaire, que ce soit pour recevoir de la nourriture ou des soins de santé, une éducation », commente Marion Libertucci. Soit 6,6 millions d’enfants se trouvant dans une situation tragique.
En quatre années de guerre, au moins un enfant sur dix a été chassé de chez lui, et au cours des six derniers mois seulement, selon l’ONU, plus d’un demi-million d’enfants ont fui la région d’Hodeïda pour échapper aux affrontements armés.
Et là-bas, les enfants ne souffrent pas uniquement de la famine et des bombes, ils sont aussi victimes de violences sexuelles. Ce 11 mars, Amnesty International a révélé que des miliciens sont suspectés d’avoir violé des garçons âgés de huit à seize ans dans la ville de Taëz. « Les témoignages poignants de ces jeunes victimes et de leurs proches montrent que la poursuite du conflit expose des enfants à l’exploitation sexuelle dans une ville minée par l’insécurité et la faiblesse des institutions. Ces victimes et leurs proches ne sont pas protégés et se retrouvent seuls face à la terrible épreuve que représentent ces violences sexuelles et leurs conséquences », note Heba Morayef, directrice pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.
Dans le monde, et pas uniquement à cause des conflits armés, un quart des enfants est privé d’enfance, c’est l’avenir de notre planète qui est en jeu. En février 2017, la France a organisé en partenariat avec l’Unicef la conférence ministérielle « Protégeons les enfants de la guerre », afin de relancer la mobilisation internationale. Pourtant, le combat pour sauver les enfants est hélas loin d’être gagné.