Récemment des vendeurs de médicaments établis à Keur Serigne Bi ont été appréhendés par la police. Ils vendaient de manière illégale et frauduleuse des comprimés destinés à l’avortement. Une occasion pour BuzzSénégal au marché noir autour de la vente de médicaments destinés à l’interruption volontaire de grossesse.
Keur Serigne-bi, des comprimés vendus à l’air libre
« Miss pardon, vous cherchez des médicaments ». Ils sont plusieurs à interpeller ainsi les passantes au niveau de Keur Serigne Bi. Sans gêne ils proposent à qui le désire des comprimés appelés Cytotec. Ils contiennent du misoprostol.
Un médicament de la famille des prostaglandines PGE1. Anciennement utilisé dans le traitement des ulcères d’estomac et du duodénum et pour prévenir ou traiter les gastrites dues à un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien.
Malheureusement, il est retiré du marché en 2018. Pour cause: le Cytotec qui était censé être utilisé par voir orale est principalement prescrit, souvent par voie vaginale, dans le but de déclencher des contractions, soit pour un avortement. Un succès qui peut s’expliquer par le fait que le Cytotec est moins cher que ses alternatives thérapeutiques. Sauf que, pour cette utilisation, le laboratoire n’a jamais reçu d’autorisation de mise sur le marché. Pis, dans les pays où l’avortement est interdit comme au Sénégal, il est vendu de manière clandestine à des prix exorbitants.
30000 à 150000 francs Cfa pour 3 comprimés
Abdoul Fall (nom d’emprunt) s’est confié à BuzzSénégal en pensant s’adresser à une femme intéressée par l’achat de Cytotec. Trouvé à Keur Serigne Bi, assis sur un banc en bois, cigarette à la main, il fait savoir que le médicament est vendu à 150000 francs Cfa sans négociation. Pour l’utiliser « il faut en introduire deux dans les parties intimes et en mettre un sous la langue ». Quant aux conséquences sur la santé, il répond tout de go: « ça ne me concerne pas, je te les vends et c’est tout. Je ne garantis ni le succès de l’avortement, ni son bon déroulement ».
Yacine Ndiaye (nom d’emprunt), une jeune fille qui a déjà utilisé le Cytotec renseigne que « la prise n’est pas compliquée, mais les effets sont douloureux. A un moment donné j’ai pensé que j’allais mourir. A cela s’ajoutent les séquelles sur la santé psychologique plus que physiques. C’est douloureux d’avorter, surtout de manière illégale et en cachette ».
“Une mort subite”, Dr Abdoulaye Diop
Les conséquences de ces avortements clandestins sont nombreux selon Docteur Abdoulaye Diop, gynécologue et obstétricien à la clinique Nest.
D’après lui , “les pratiquantes peut être victimes d’une hémorragie, d’infections, de douleurs séquellaires chroniques, d’insuffisance hépatique ou rénale, de dépression, de douleurs lors des rapports sexuels et/ou d’infertilité. Sans oublier une mort subite”, informait-il dans une interview sur Seneweb.
Plus de 34000 cas par an, plusieurs millions pour les vendeurs
Pourtant malgré l’interdiction de l’avortement au Sénégal, les services comme la Direction de la santé de la mère et de l’enfant fait état d’un cumul de 34 079 avortements en 2020. Parmi eux, nous ne savons pas clairement quels ont été ceux qui ont été faits de manière clandestine. Cependant pour le vendeur à qui nous avons tendu, « je gagne environ 600000 par jour, cela dépend des périodes de l’année. Je ne sais pas pour quelles raisons, mais en janvier et février nous avons énormément de clientes ». Les effets des fêtes de fin d’année sûrement.
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