Corée du Sud: des réfugiés nord-coréens déposent plainte pour un vol de données
3 janvier 2019Diass-Infos: Mercredi 2 janvier, une trentaine de Nord-Coréens réfugiés au Sud ont déposé une plainte contre le gouvernement sud-coréen. Une plainte en réponse au piratage informatique et au vol de données personnelles appartenant à mille transfuges. Ce vol met ces réfugiés – et leur famille – à la merci de possibles représailles de la part de la Corée du Nord.
Les hackers ont eu accès à un fichier confidentiel qui contenait les noms, dates de naissance et adresses de 997 Nord-Coréens réfugiés au Sud. Ces données se trouvaient sur l’ordinateur de l’un des 25 centres d’accueils pour transfuges nord-coréens établis à travers le pays. Selon la presse sud-coréenne, c’est un employé imprudent de l’un de ces centres qui a ouvert un courriel suspect contenant un virus.
Ce virus a permis aux pirates d’accéder à ses fichiers. Le gouvernement interdit pourtant de conserver des données sensibles concernant les réfugiés sur un ordinateur qui peut se connecter à internet. Mais l’employé n’a pas respecté la procédure, une négligence qui pourrait coûter très cher aux victimes de ce vol.
Le principal suspect : la Corée du Nord
Le principal suspect est la Corée du Nord. Pour le moment, le ministère sud-coréen de la Réunification, responsable de ces centres d’accueil, refuse d’accuser le Nord et rappelle que l’enquête est en cours. Accuser publiquement Pyongyang pourrait en effet mettre en péril le rapprochement en cours entre les deux Corées.
Mais les observateurs considèrent que les pirates nord-coréens sont les premiers suspects : ces hackers ont déjà été accusés dans le passé de nombreuses cyberattaques, parfois très sophistiquées. Comme par exemple le piratage de l’entreprise Sony Pictures en 2014, le cyberbraquage de plusieurs banques, ou encore le vol de documents secrets du ministère sud-coréen de la Défense en 2017.
Il faut rappeler qu’il y a aujourd’hui 32 000 Nord-Coréens réfugiés au Sud, et que leur présence est vue comme un sujet d’embarras par Pyongyang. La propagande nord-coréenne les qualifie régulièrement de « déchets humains ».
Un pouvoir de nuisance
Obtenir des informations confidentielles au sujet de ces réfugiés peut ainsi être un moyen de leur nuire. Le régime considère que les transfuges sont des ennemis d’Etat… et il n’hésite pas à punir sévèrement, en représailles, leurs proches restés au Nord. Les familles de ces 997 réfugiés victimes de ce vol de données sont ainsi potentiellement menacées.
Pyongyang peut aussi se servir de ces familles comme d’un moyen de chantage, par exemple pour obliger ces transfuges à espionner pour son compte, ou à revenir au Nord. Dans le passé, plusieurs réfugiés sont ainsi retournés en Corée du Nord après plusieurs années au Sud, dans des conditions parfois étranges.
La propagande nord-coréenne montrait alors ces « repentis » dénoncer avec virulence les conditions de vie dans la Corée du Sud capitaliste et ennemie.
Ce piratage est donc une catastrophe pour ces mille réfugiés et leurs familles. Une trentaine a déjà porté plainte. Le ministère de la Réunification a présenté des excuses, mais celles-ci sont bien inutiles.