Iran: le nouveau président Ebrahim Raïssi fixe ses priorités
21 juin 2021Selon les chiffres officiels, 48,8% des 59 millions d’Iraniens ont participé au scrutin. À Téhéran et dans les villes de province, les partisans du président élu Ebrahim RaÏssi sont descendus dans la rue samedi soir 19 juin pour fêter sa victoire.
Le taux de participation est bien supérieur aux chiffres des sondages des dernières semaines qui avaient parlé de 33%. Avec environ 49% de participation, le pouvoir peut être satisfait face à tous ceux qui avaient appelé les électeurs à boycotter le scrutin.
Par ailleurs, Ebrahim Raïssi, soutenu par l’ensemble du pouvoir, a obtenu près de 18 millions de voix, soit 62%. Ce chiffre est une surprise. Il aurait pu être menacé par le candidat modéré Abdolnasser Hemati, qui s’était montré très combatif lors des débats télévisés. Mais ce dernier n’a obtenu que des 8% voix, échouant à mobiliser l’électorat modéré déçu par le bilan du président Rohani.
La tâche s’annonce difficile pour Ebrahim Raïssi
Élu avec 62% des voix, la tâche du nouveau président sera toutefois bien difficile. Tout d’abord, 51% des électeurs n’ont pas participé au scrutin. Il s’agit de la plus faible participation depuis l’avènement de la République islamique il y a 42 ans. Ensuite, près de quatre millions d’électeurs sur les 29 millions qui ont participé au scrutin ont glissé un bulletin nul ou blanc dans l’urne, signe du mécontentement d’une grande partie de la société.
En effet, l’inflation dépasse les 50% et la valeur de la monnaie a fortement chuté ces dernières années.
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Les priorités de Ebrahim Raïssi
Dans sa première déclaration, Ebrahim Raïssi a promis de lutter contre la corruption et donner la priorité aux couches les plus défavorisées.
Reste que les caisses de l’État sont vides. L’Iran a du mal à exporter son pétrole et surtout à récupérer ses pétrodollars en raisons des sanctions américaines.
Désormais, les conservateurs contrôlent l’ensemble des leviers du pouvoir et les modérés se préparent à une longue traversée du désert. Ebrahim Raïssi va donner la priorité aux classes défavorisées en augmentant les aides sociales et en relançant la production intérieure.
Ebrahim Raïssi s’est dit favorable aux négociations pour faire revivre l’accord nucléaire de 2015. Un tel accord, qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines, permettrait la levée des sanctions américaines et de relancer l’économie.
Sur le plan extérieur, priorité sans doute à la Russie et la Chine
Sur le plan extérieur, il est favorable à l’accord nucléaire, mais il sera plus ferme face aux Américains dans les négociations menées à Vienne. D’ailleurs, le chef de la diplomatie a affirmé qu’il sera informé des détails des négociations.
Biden a nommé, sur les négociations spécifiques avec l’Iran (…) des gens qui ont des liens très forts et très avec l’Iran. Je crois que la diplomatie est déjà en action…
https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20210619-iran-le-nouveau-pr%C3%A9sident-ebrahim-ra%C3%AFssi-fixe-ses-priorit%C3%A9s
Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis et maître de conférence à l’université Paris 2 Panthéon Assas
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p style= »text-align: justify; »>Contrairement aux modérés qui avaient le regard vers l’Occident, le nouveau président donnera sans doute la priorité à la Russie et la Chine. D’ailleurs, Vladimir Poutine a été le premier président à le féliciter.