la Senelec veut rassurer sur ses dettes et les délestages
6 août 2019Diass-Infos : Alors qu’un syndicat a alerté sur ses craintes de délestages, Pape Demba Bitèye, le directeur général de la Senelec, assure que les dettes sont sous contrôle et ne menacent pas la fourniture d’électricité.
« L’état comptable et financier de la Senelec est stable, il n’y a aucun risque de délestage »: tel est le message martelé le 5 août à Dakar, devant les journalistes, par Pape Demba Bitèye, le directeur général de la compagnie nationale d’électricité.
Une volonté de rassurer, alors que des dirigeants du Syndicat des travailleurs de l’électricité ont fait état d’une dette de 247 milliards de F CFA (377 millions d’euros) de la Senelec vis-à-cis de l’État, son principal actionnaire. « C’est énorme, c’est presque le chiffre d’affaires annuel de la Senelec », s’alarment les syndicalistes, qui craignent des délestages importants à venir.
Une crainte que veut éteindre Pape Demba Bitèye. Les délestages notés ces derniers jours s’expliquent surtout, selon lui, par un pic de consommation en cette période de chaleur. « Le Sénégal n’étant pas un pays très industrialisé, la demande varie tout au long de l’année. C’est ainsi qu’entre novembre et avril, la demande est faible, par contre, elle est très élevée entre juillet et octobre », analyse, Abdoulaye Dia ancien secrétaire général de la Senelec, aujourd’hui directeur de cabinet du ministre du Pétrole et des Énergies.
Opération de croisement de dettes
Sur la question de la dette de la Senelec envers l’État, Pape Mademba Bitèye, affiche également une volonté de rassurer. « L’État apporte son soutien [à la Senelec] depuis 2012 à travers des subventions d’investissement, d’exploitation, etc. L’entreprise devait de l’argent à l’État à l’issue d’une opération de restructuration financière. Ce dernier l’a ensuite transformé en capital. Entre les deux, c’est comme le principe des vases communicants ».
Le dirigeant reconnaît pourtant que, dans une opération de croisement de dettes, son principal actionnaire a injecté 90 milliards de F CFA dans le capital de l’entreprise. Au bord du gouffre il y a près d’une décennie, la compagnie publique d’électricité a aujourd’hui réussi à se redresser à coup de centaines de milliards de F CFA d’investissement.
À la faveur d’un retour à l’équilibre de ses comptes, la Senelec a réalisé des bénéfices nets de 30 milliards de F CFA en 2016. En 2017, les capacités nationales de production d’électricité s’établissaient à 1 130 MW, tandis que la demande globale étaient d’environ 650 MW. En 2012, ses capacités nationales de production atteignaient à peine 573 MW. Dans le même temps, la demande nationale d’énergie connait une croissance annuelle de 12 %.
L’opérateur historique a lancé en 2017, sous la houlette de son ex-directeur général Mouhamadou Makhtar Cissé, le Plan d’actions prioritaires (PAP) 2016-2020, également dénommé Plan Yeessal 2020 (« réhabilitation », en wolof), dont l’objectif est de parvenir à réduire à 8 % la part des produits pétroliers dans le mix énergétique national. Le solaire y occupe une part importante. Ainsi depuis fin 2017, cinq parcs solaires ont été mis en service à travers le pays.
Ajustement des tarifs à la hausse
Début juillet, la question d’un ajustement des tarifs de l’électricité était évoquée, sur fond de renchérissement des cours du baril. Les coûts du combustible représentent 80 % des charges de la Senelec. Les services du ministère des Finances et du Budget avaient alors alerté sur la nécessité de tailler dans les subventions accordées au secteur de l’énergie.
Les dirigeants de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (CRSE), organe de régulation tarifaire, avaient d’ailleurs lors de la première consultation publique sur les conditions tarifaires de la Senelec (période 2020-2022), indiqué que les tarifs de l’électricité auraient dû être ajustés de 39 % à la hausse depuis le 1er janvier 2019.