Les Bouillons Et L’impact Sur Notre Santé
23 septembre 2021Les bouillons sont devenus les rois de nos cuisines. Pourquoi ? Sont-ils un danger pour notre santé ? Et quelles sont les alternatives ? Voici ce que nous savons.
Un produit bon marché
Au Sénégal, le prix du bouillon, qui est souvent de 25 francs CFA, le rend accessible à toutes les bourses. Autrefois, les cuisinières utilisaient des exhausteurs de goût naturels comme le Guedj. Il s’agit d’un poisson salé puis séché au goût et à l’odeur très forts, utilisé en de très petites quantités pour relever le goût des préparation à base de poisson. Si vous en avez déjà senti un, vous vous en souviendrez. Mais la rareté et la cherté du poisson ont eu un impact sur son prix.
Le kilo de Guedj beurre, une des variétés les plus prisées, coûte 7000 francs CFA, donc il est actuellement plus cher que le kilogramme de viande ou de poulet à Dakar.
« Les temps sont durs et la dépense quotidienne est difficile à gérer. Préparer un repas pour une famille de plus de dix personnes avec une modique somme ce n’est pas facile. Tout est cher et les femmes n’ont pas d’autres choix que d’utiliser les cubes pour donner l’illusion du goût », déplore Yvonne Sagna, une sénégalaise que nous avons rencontrée au marché Castor.
Mais est-ce sain ?
Commercialisés dans des emballages aux couleurs vives et souvent « brandés » avec des prénoms féminins, les cubes de bouillons sont composés majoritairement de sels et d’ingrédients chimiques appelés exhausteurs de goût.
Selon une étude réalisée en mai 2021 par des chercheurs du Réseau des chambres d’Agriculture du Niger, certains bouillons cubes contiennent le guanylate et l’inosinate disodiques, des produits interdits chez les enfants, et des colorants (jaune orangé E110, rouge cochenille E124, jaune de quinoléine E104).
Ces chercheurs ont étudié la composition des différents bouillons utilisés en Afrique de l’Ouest à partir de la liste des ingrédients sur les emballages.
L’étude note que pour certains cubes, ces ingrédients sont « en lettres » (inosinate disodique, glutamate, maltodextrine), et pour d’autres en chiffres (E150d, E631, E330) ou en abrégé (HVP), mais toujours en très petits caractères.
Les entreprises qui fabriquent ces bouillons insistent sur le fait qu’ils sont sans danger. Par exemple, sur son site, Nestlé qui fabrique les produits Maggi dit : « tous les ingrédients utilisés sont approuvés par les autorités réglementaires. En outre, nous avons en place un système de qualité rigoureux pour vérifier la qualité et la sécurité de nos produits tout au long du processus de fabrication, des matières premières que nous utilisons au produit fini. Au cours de leur fabrication, les produits Maggi subissent plus de 400 contrôles qualité.»
Loin, très loin des plats traditionnels sénégalais, mais pourtant avec un goût très proche de ce qu’elles ont connu. Voilà le dilemme des sénégalaises contemporaines. Les bouillons, ces additifs culinaires qui donnent du goût, sont utilisés avec outrance dans toutes leurs recettes.
Le résultat est désastreux pour la santé, avec un appauvrissement des valeurs nutritives au profit des sels et calories. Les exhausteurs de goût utilisés avec parcimonie sont sans danger pour l’homme (il paraît). Mais un problème financier pousse peu à peu ces cuisinières à privilégier l’illusion du goût avec des bouillons de toutes sortes, vendus sur les marchés.
De plus en plus de maladies chroniques voient le jour au Sénégal, à cause du trop plein de sel dans l’alimentation. L’espérance de vie au Sénégal devient fragile, le diabète et l’hypertension artérielle montent en flèche. Et les premiers mis en cause sont les bouillons cubes : Tem Tem, Khadija, Adja, Jongué, Tak, Mami, Dior, Doll, Magi Nokoss, Jumbo, etc.
Les solutions doivent passer par une rééducation des sénégalais pour leur apprendre à manger sainement. Mais quand le budget n’est pas au rendez-vous pendant les courses hebdomadaires, la ménagère fait face à une équation compliquée. Elle doit se creuser la tête pour remplir au mieux l’assiette de toute la famille et éviter de payer une addition trop… salée.
poponguine.info