Restauration à l’Aibd : LAS sort Secco et va à Lagardère
8 mars 2022Les relations entre la société sénégalaise Secco Catering Food & Beverage Sarl, qui exploite les restaurants de l’aéroport Blaise Diagne de Diass depuis 2017, et la direction de Las (Limak- Aibd- Summa), en charge de la gestion de l’Aéroport internationale Blaise Diagne (Aibd), ne sont plus au beau fixe. Le gestionnaire de l’Aibd, qui réclamait à Secco Catering Food & Beverage Sarl plus de 754 millions de francs Cfa, a rompu le contrat qui le liait avec cette société depuis le 1er mars 2022. La gestion des restaurants de l’Aibd est désormais confiée à la société Lagardère qui d’ailleurs, a déjà commencé l’exploitation.
La gestion des restaurants de l’aéroport Blaise Diagne de Diass ne revient plus à Secco Catering Food & Beverage Sarl mais plutôt à la société française Lagardère qui gérait jusqu’ici les free-shops de vente en détail, les boissons gazeuses et bières en détail à l’Aibd. Cette situation fait suite à la rupture de contrat par Las depuis le 1er mars 2022. Auparavant, le gestionnaire de l’aéroport avait adressé une mise en demeure datant du 10 décembre 2021, et signée par le Directeur général de Las, Askin Demir, demandant le paiement de la dette qui s’élève à 754 millions 756 mille 167 francs Cfa que leur devrait la société Secco Catering Food & Beverage Sarl, et ce dans les 30 jours suivant la notification du courrier. Plus de deux mois après, s’en est suivie une rupture de contrat.
Ndèye Mariama Ngom, la directrice de Secco Catering Food & Beverage Sarl, déplore que son entreprise et son personnel ont été chassés comme des malpropres, sans aucun préavis : «Las a rompu le contrat qui nous liait depuis le 1er mars 2022. En plus de cela, une autre note a été servie à la direction de notre société sur la présence de son personnel sur l’accès du terminal de l’aéroport international Blaise Diagne. Nous avons été sommés de quitter les lieux et de libérer les zones, après la rupture du contrat qui nous lie à la direction de Las. Notre société est chargée de la restauration au niveau du terminal de l’Aibd depuis l’ouverture de l’aéroport en 2017. Une somme de plus de 1,4 milliard de francs Cfa a été versée à Las, sans aucun retour d’investissement.»
Toutefois, malgré cet argent versé dans les caisses de Las, Secco traîne des arriérés qui sont d’ailleurs à l’origine de leur différend. Des arriérés dus, selon Ndèye Mariama Ngom, à la tarification. «Nous avons été les premiers à opérer dans cet aéroport. Avant l’arrivée dans les salons Vip, de nos concurrents comme Planète Kebab et autres, les factures étaient tenables, malgré le fait que les contrats n’étaient pas corrects. On leur envoie un chiffre d’affaires de 60 millions de francs Cfa, ils nous facturent 45 millions de francs Cfa, pour une société qui a des charges fixes, des employés et des fournisseurs à payer. Cette facturation ne prend pas en charge des bureaux par exemple. Les bureaux, c’est une facturation à part ; l’eau c’est une facturation ; à part l’électricité, c’est une facturation à part. On s’est endettés entre temps à cause de ce contrat, et cela a empiré avec l’arrivée de la pandémie, ce qui fait que nous avons contracté cette dette. On n’a jamais eu de problème de dette avec le gestionnaire de l’aéroport. Mais depuis un certain temps, on est en négociation. Il y a une double facturation sur le contrat. Le paiement par passager est intenable et difficile pour nous. Nous avons demandé qu’on revoie la nature du contrat, mais rien n’a été fait. Nous payons 36 centimes par passager, c’est-à-dire que tout passager qui passe dans cet aéroport, nous facture 36 centimes. Que le passager mange ou pas chez nous, on nous le facture. On est dans une situation très difficile.»
La directrice dit ne pas comprendre cet acharnement de Las, car la société Secco avait demandé une renégociation de son contrat. Elle déclare avoir interpellé le ministre des Transports aériens et du tourisme depuis 2019, mais ces courriers sont restés sans suite.
Quoi qu’il en soit, Secco ne compte pas se laisser faire. «La société a enclenché une procédure judiciaire contre la direction de Las. Nous n’allons pas nous laisser faire. Sur cette dette, nous avons déjà payé 25 millions de francs Cfa. Aujourd’hui, c’est l’avenir de 68 travailleurs dont 60 détiennent un Cdi, qui est en jeu. Pourtant malgré notre forte demande de révision de ce contrat, le gestionnaire nous a refusé cela mais il a accepté de le faire pour la société qui nous remplace.»
La rupture de ce contrat sera lourde de conséquences pour cette société dont les produits, estimés à une valeur de plusieurs millions, commencent d’ailleurs à pourrir. En plus de cela, le gestionnaire de l’aéroport lui aurait refusé de prendre le matériel lourd dont elle dispose dans le terminal.
abciss@lequotidien.sn