UN PAYS SANS EMPLOIS
3 septembre 2020Emploi au Sénégal : L’intérim, ou le choix de se faire exploiter et de devenir une « pâte à modeler »
Avec un taux de chômage de 16,9% revu à la hausse par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), le Sénégal compte dans ces chiffres une majorité de jeunes diplômés dont les CV sont à la longue utilisés comme sous-main ou encore papier d’emballage par les vendeurs de cacahuètes.
Pour ces jeunes qui se sont consacrés toute leur vie à leurs études jusqu’à l’obtention de ces diplômes, rester les bras croisés est exclu. L’intérim se présente dans ce cas comme une issue de secours pour ces jeunes craignant plus que tout le chômage et le désœuvrement qui en résulte.
Une étude menée par nos confrères du quotidien « l’Enquête », nous renseigne que les agences d’intérim ou entreprises de travail temporaire foisonnent à Dakar et évoluent entre salaires de misère, précarité, irrégularités juridiques, et leurs employés sont tiraillés de toutes parts et font « l’objet de tous les abus ».
Considéré également comme un briseur de rêve, l’intérim est par définition le temps pendant lequel une fonction est remplie par un autre que le titulaire (Larousse).
Un des intervenants au micro de nos confrères confirme « avec l’intérim, on vit constamment dans l’angoisse du lendemain », une dénommée Henriette qui avait émargé au registre des intérimaires, comme secrétaire dans une boîte de Télécom, se confie : « j’ai galéré pour obtenir ce poste. J’ai enchaîné, je ne sais plus combien d’entretiens et de rendez-vous dans les agences d’intérim puisque toutes mes demandes sont restées sans suite. C’est de plus en plus difficile de trouver du travail au Sénégal. »
6 mois par ci, 4mois par là, pour au final vivre dans des conditions où il est quasiment impossible de se projeter dans l’avenir, de rester confiant et d’espérer un emploi durable.
Les agences d’intérim, qui devaient aider les jeunes diplômés à occuper des postes dans les grandes entreprises selon leurs capacités, à se retrouver le temps d’avoir de meilleures possibilités, deviennent alors des exploitants.
Et ces jeunes n’ayant d’autre choix, sont obligés de subir pour pouvoir assumer leurs responsabilités sociales…