une figure de la rébellion casamançaise abattue par des inconnus
28 octobre 2019Diass-Infos : Abdou Elinkine Diatta, un leader d’une aile civile du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) a été tué le dimanche 27 octobre dans une fusillade à Mlomp, dans le département de Bignona.
Une figure du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), groupe rebelle de cette région du sud du Sénégal, Abdou Elinkine Diatta, a été tuée dimanche, alors qu’il assistait à une cérémonie traditionnelle, a indiqué à l’AFP le porte-parole de l’armée sénégalaise, le colonel Abdoul Ndiaye.
Il « assistait à une cérémonie d’intronisation d’un roi traditionnel à Mlomp (à une quarantaine de kilomètres de Ziguinchor, principale ville de Casamance) quand des hommes armés – probablement deux – sont arrivés à bord d’une moto. Ils ont tiré et il est mort », a-t-il indiqué, en soulignant que l’identité des assaillants était « inconnue ».
Abdou Elinkine Diatta s’était engagé dans la rébellion dans les années 1980 à l’époque où il était encore lycéen. Après quelques années, il avait rejoint une mouvance qualifiée de modérée après le premier cessez-le-feu, en 1991. Abdou Elinkine Diatta avait été porte-parole, puis agent de liaison de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, le leader charismatique du mouvement jusqu’à sa mort en 2007.
Un conflit de 35 ans
À ce titre, rappelle le chercheur Jean-Claude Marut, auteur de Le conflit de Casamance. Ce que disent les armes, Abdou Elinkine Diatta avait joué un rôle dans le rapprochement du MFDC avec le gouvernement sénégalais. « À ce titre de porte-parole de l’abbé Diamacoune, Elinkine Diatta était l’un des artisans de l’accord de paix de 2004. Mais très vite, il a été exclu du mouvement par l’abbé Diamacoune lui-même, dès 2005, pour activité fractionnelle. En effet, Abdou Elinkine Diatta a organisé ce que lui-même a appelé « une restructuration » du mouvement. On pourrait parler plutôt de structuration tant le mouvement n’était pas structuré. Donc, il a organisé le mouvement autour de lui, une partie des militants civils ont été organisés sous sa direction. Il est devenu le chef d’une faction civile. (…) Il il voulait une réunification du mouvement pour élire une nouvelle direction, et donc un nouveau secrétaire général ».
Sans rôle opérationnel ou militaire connu, Abdou Elinkine Diatta était un visage familier du MFDC, dont il avait été le porte-parole. Il s’était fait plus discret ces dernières années.
Le MFDC, divisé en plusieurs factions rivales, mène depuis 1982 une rébellion indépendantiste en Casamance, région isolée de la partie nord du Sénégal par la Gambie.
En 35 ans, le conflit a fait des milliers de victimes civiles et militaires, ravagé l’économie de cette région agricole et touristique, et poussé de nombreux habitants à fuir.